Apelle, Alexandre au foudre
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Le triomphe d’Alexandre le Grand, d’après Rubens RUBENS Pierre Paul
Medium : dessin
Commentaires : d’après la peinture de Rubens [1618-1621] sur la façade de sa maison d’Anvers
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Plutarque (Πλούταρχος), Βίοι Παράλληλοι (redac: (68):(117), trad: 1957:1993) (Vie d'Alexandre, 4, 1-3 (Reinach 459)), t. IX, p. 33 (grecque)
Τὴν μὲν οὖν ἰδέαν τοῦ σώματος οἱ Λυσίππειοι μάλιστα τῶν ἀνδριάντων ἐμφαίνουσιν, ὑφ᾿ οὗ μόνου καὶ αὐτὸς ἠξίου πλάττεσθαι. καὶ γὰρ μάλισθ᾿ ἃ πολλοὶ τῶν διαδόχων ὕστερον καὶ τῶν φίλων ἀπεμιμοῦντο, τήν τε ἀνάτασιν τοῦ αὐχένος εἰς εὐώνυμον ἡσυχῆ κεκλιμένου καὶ τὴν ὑγρότητα τῶν ὀμμάτων, διατετήρηκεν ἀκριβῶς ὁ τεχνίτης. Ἀπελλῆς δὲ γράφων τὸν κεραυνοφόρον οὐκ ἐμιμήσατο τὴν χρόαν, ἀλλὰ φαιότερον καὶ πεπινωμένον ἐποίησεν· ἦν δὲ λευκὸς ὥς φασιν· ἡ δὲ λευκότης ἐπεφοίνισσεν αὐτοῦ περὶ τὸ στῆθος μάλιστα καὶ τὸ πρόσωπον. ὅτι δὲ τοῦ χρωτὸς ἥδιστον ἀπέπνει καὶ τὸ στόμα κατεῖχεν εὐωδία καὶ τὴν σάρκα πᾶσαν, ὥστε πληροῦσθαι τοὺς χιτωνίσκους, ἀνέγνωμεν ἐν ὑπομνήμασιν Ἀριστοξενείοις.
Reinach, Adolph (éd.), Textes grecs et latins sur la peinture ancienne. Recueil Milliet, Vie d'Alexandre, 4(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Apelle, quand il peignit Alexandre tenant en main la foudre, ne représenta pas son teint naturel ; il le fit plus brun et plus sombre qu’il n’était ; car on dit qu’Alexandre avait le teint blanc, et que cette blancheur se teintait de rose surtout sur sa poitrine et sur son visage.
Plutarque (Πλούταρχος), Βίοι Παράλληλοι , (trad: 1957:1993) (Vie d'Alexandre, 4, 1-3), t. IX, p. 33 (trad: "Vies parallèles " par Robert Flacelière et Emile Chambry, en 1957:1993)(grecque)(traduction récente d'un autre auteur)
1 L’aspect physique d’Alexandre est rendu au mieux par celles de ses statues qui sont dues à Lysippe, le seul sculpteur par qui lui-même d’ailleurs voulût être représenté. 2 Et, de fait, les traits que plus tard beaucoup de ses amis et de ses successeurs s’attachèrent tout spécialement à imiter : l’inclinaison du cou légèrement penché vers la gauche et la fluidité des regards ont été fidèlement conservés par cet artiste. 3 Mais Apelle, qui le peignit en porte-foudre, n’a pas reproduit la couleur de son teint, qu’il a rendu trop brun et basané : on dit qu’Alexandre avait la peau blanche, mais que cette blancheur s’empourprait particulièrement sur la poitrine et au visage.
Pline l'Ancien (Gaius Plinius Secundus), Naturalis Historia, liber XXXV(redac: 77, trad: 1985) (92)(latin)
Pinxit et Alexandrum Magnum fulmen tenentem in templo Ephesiae Dianae uiginti talentis auri. Digiti eminere uidentur et fulmen extra tabulam esse – legentes meminerint omnia ea quattuor coloribus facta –; manipretium eius tabulae in nummo aureo mensura accepit, non numero.
Pline l'Ancien (Gaius Plinius Secundus), Naturalis Historia, liber XXXV, (trad: 1985) (92)(trad: "Histoire naturelle. Livre XXXV. La Peinture" par Croisille, Jean-Michel en 1985)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Il a peint également, dans le temple de Diane à Éphèse, Alexandre le Grand tenant le foudre, œuvre qui valut vingt talents d’or : les doigts semblent en relief et le foudre sortir du tableau – le lecteur doit se souvenir que tous ces ouvrages furent exécutés avec quatre couleurs ; pour payer ce dernier tableau, on ne lui compta pas des pièces d’or, on en couvrit la surface.
Pline l’Ancien; Landino, Cristoforo, Historia naturale di C. Plinio secondo tradocta di lingua latina in fiorentina per Christophoro Landino fiorentino, fol. 241r (italien)(traduction ancienne d'un autre auteur)
Dipinse ancora Alexandro magno con un fulgore in mano nel tempo di Diana ephesia per .xx. talenti doro. Pare che le dita sieno rilevate et el fulgore sia fuori della tavola. Ma habia a mente chi legie tutte queste cose sono in quattro colori. Ricevete prezo ismisurato di questa pictura. Ilche fu pecunia doro a misura e non a numero.
Pline l’Ancien; Brucioli, Antonio, Historia naturale di C. Plinio Secondo nuovamente tradotta di latino in vulgare toscano per Antonio Brucioli, p. 991 (italien)(traduction ancienne d'un autre auteur)
Dipinse anchora Alexandro magno, che teneva un fulmine, nel tempio di Diana Ephesia per venti talenti d’oro. Et apaiono i diti rilevati, et il fulmine essere fuori della tavola. Ma quegli che leggono, si ricordino tutte quelle cose essere state fatte di quattro colori. Et il prezzo di quella tavola, che fu moneta d’oro à misura, e non à numero.
Pline l’Ancien; Domenichi, Lodovico, Historia naturale di G. Plinio Secondo tradotta per Lodovico Domenichi, con le postille in margine, nelle quali, o vengono segnate le cose notabili, o citati alteri auttori… et con le tavole copiosissime di tutto quel che nell’opera si contiene…, p. 1100-1101 (italien)(traduction ancienne d'un autre auteur)
Dipinse ancora Alessandro Magno, che ha il folgore in mano, nel tempio di Diana Efesia, e questa figura fu pagata venti talenti. Le dita pare che sieno di rilievo, e che il folgore sia fuor della tavola. Ma però sappiano coloro che leggono, che tutte queste cose furono fatte con quattro colori, che fu grossamente pagato di questa figura, percioche n’hebbe tanti ducati d’oro a misura, e non a novero.
Pline l’Ancien; Du Pinet, Antoine, L’histoire du monde de C. Pline second… mis en françois par Antoine du Pinet, p. 951 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)
- [1] Anciennement on peignoit la foudre par trois flesches liees ensemble ayans des garrots des deux costez
Il fit aussi un Alexandre tenant de foudre en sa main [1], qui cousta vingt talens d’or, et neantmoins fut mis au temple de Diane Ephesienne. Et de fait, la besongne estoit si riche, qu’il sembloit qu’Alexandre eust les doigts de la main levez, et que la foudre fust hors du tableau. Sur quoy se faut tousiours souvenir, que tous ces riches ouvrages furent faits avec quatre couleurs seulement : et neantmoins ce tableau fut acheté à plein boysseaux d’or sans le compter.
Pline l’Ancien; Poinsinet de Sivry, Louis, Histoire naturelle de Pline, traduite en françois [par Poinsinet de Sivry], avec le texte latin… accompagnée de notes… et d’observations sur les connoissances des anciens comparées avec les découvertes des modernes, (vol. 11), p. 255-256 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)
Il peignit aussi Alexandre le Grand[1], tenant un foudre, au temple de Diane d’Ephese ; ce chef-d’œuvre lui valut vingt talents attiques[2] ; car lorsqu’il s’agit de l’estimer, on ne le prisa aucune somme déterminée : mais il fut réglé que ce bel ouvrage seroit couvert d’une coucher de pieces d’or, tant que l’aire du tableau en pourroit contenir. Au reste, le travail en est tel, que les doigts de la main foudroyante paroissent être avancés sur le devant de la toile, et que le foudre paroît sortir hors du tableau.
- [1] C’est de ce tableau qu’Apelle avoit coutume de dire qu’il y avoit deux Alexandre, l’un invincible, fils de Philippe ; l’autre inimitable, fils d’Apelle. Voyez Plutarque, Orat. 2, de fortunata Alex. p. 335.
- [2] 48000, monnoie de France.
Ghiberti, Lorenzo, I commentarii(redac: (1450)), p. 75 (italien)
Dipinse Allexandro Magno nel tempio di Diania Hephesia, con maravigloiissima arte, ebbene grandissimo prezo.
Textor, Joannes Ravisius (Jean Tixier de Ravisy, dit), Officina(publi: 1520), p. 24 (italien)
Dipinse Alessandro Magno con uno fulgore in mano nel tempio di Diana Ephesia per prezo di XX talentj doro et condusse tale opera con tanta arte, che pareua che non dipinta, ma di rilieuo fussj.
Conti, Natale (dit Natalis Comes ou Noël le Conte), Mythologiae, sive explicationis fabularum libri decem(publi: 1551) (liber VII, cap. XVI), p. 410 (latin)
Et in Epheso Alexandrum pinxit cum Iouis fulmine.
Dolce, Lodovico, Dialogo di pittura intitolato l’Aretino, nel quale si raggiona della dignità di essa pittura e di tutte le parti necessarie che a perfetto pittore si acconvengono(publi: 1557) (vol. 1), p. 181 (italien)
Di qui leggiamo in Plinio che Apelle dipinse Alessandro Magno nel tempio di Diana Efesia con un folgore in mano, ove pareva che le dita fossero rilevate e che’l folgore uscisse della tavola ; il che non poteva Apelle aver finto, se non per via di scorti.
Borghini, Vincenzio, Selva di notizie(redac: 1564), p. 141 (italien)
Dipinse Alexandro Magno col fulmine in mano per venti talenti d’oro, dove digiti eminere videntur et fulmen extra tabulam esse, et avertasi che costui non dipigneva se non con 4 colori, et segue dicendo immane tabulae pretium accepit aureos mensura, non numero.
Adriani, Giovanni Battista, Lettera a m. Giorgio Vasari, nella quale si racconta i nomi, e l’opere de’più eccellenti artefici antichi in Pittura, in bronzo, et in marmo(publi: 1568, redac: 1567) (t. I), p. 192-193 (italien)
Dipinse ancora a quelli di Efeso nel tempio della lor Diana un Alessandro Magno con la saetta di Giove in mano, le dita della quale pareva che fussero di rilievo e la saetta che uscisse fuor della tavola, e ne fu pagato di moneta d’oro non a novero, ma a misura.
Plutarque, Ηθικα (trad: 1572), ΠΕΡΙ ΤΗΣ ΑΛΕΞΑΝΔΡΟΥ ΤΥΧΗΣ Η ΑΡΕΤΗΣ Β, 335A, t. V, vol. 1, p. 135 (grecque)
Ἦν δὲ καὶ Ἀπελλῆς ὁ ζωγράφος καὶ Λύσιππος ὁ πλάστης κατ’ Ἀλεξανδρον· ὧν ὁ μὲν ἔγραφε τὸν κεραυνοφόρον οὕτως ἐναργῶς καὶ κεραμένως, ὥστε λέγειν ὅτι δυοῖν Ἀλεξάνδροιν ὁ μὲν Φιλίππου γέγονεν ἀνίκητος, ὁδ’ Ἀπελλοῦ ἀμίμητος.
Reinach, Adolph (éd.), Textes grecs et latins sur la peinture ancienne. Recueil Milliet, "La Fortune d’Alexandre", 2, 2 (Reinach 457)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Le peintre Apelle et le sculpteur Lysippe ont été aussi contemporains d’Alexandre ; le premier a peint Alexandre porteur de la foudre avec tant de vie et de perfection, que l’on a pu dire que des deux Alexandre l’un, le fils de Philippe, fut invincible, l’autre, celui d’Apelle, est inimitable.
Plutarque, Ηθικα , (trad: 1572), "De la fortune d'Alexandre, traitte second", t. I, fol. 312v (trad: "Les oeuvres morales de Plutarque, translatees de grec en françois" par Amyot, Jacques en 1572)(fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)
Aussi estoient du temps d'Alexandre Apelles le paintre, et Lysippus le statuaire, desquels l'un paignit Alexandre tenant le foudre en sa main si naifuement paint et au vif, que lon disoit que des deux Alexandres, celuy qui estoit le fils de Philippus estoit inuincible, et celuy d'Apelles inimitable.
Plutarque (Πλούταρχος), Ἠθικὰ (Moralia) , (trad: 1972:2004), La Fortune d'Alexandre, II, 335 A, p. 135 (trad: "Œuvres morales " par Frazier, Françoise; Fuhrman, François; Sirinelli, Jean en 1972:2004)(espagnol)(traduction récente d'un autre auteur)
Apelle le peignit en porte-foudre, avec tant de vigueur et de naturel qu'on disait que, des deux Alexandre, celui de Philippe était invincible et celui d'Apelle inimitable.
Borghini, Rafaello, Il riposo di Raffaello Borghini : in cui della pittura, e della scultura si fauella, de’piu illustri pittori, e scultori, et delle piu famose opere loro si fa mentione ; e le cose principali appartenenti à dette arti s’insegnano(publi: 1584), p. 276 (italien)
Dipinse etiandio nel tempio di Diana Efesia un’Alessandro Magno col folgore in mano, le cui dita sembravano rilevarsi dalla tavola, e gli fu questa figura pagata venti talenti, benche si dica ancora che à misura, e non annovero gli furon dati i denari.
Van Mander, Karel, Het leven der oude antijcke doorluchtighe schilders(publi: 1603:1604 ), « Van Appelles, Prince der Schilders », fol. 79v (n)
Hy maeckte eenen Alexander, houdende in zijn een handt den blixem, die men plagh te maken gelijck eenige pijlen met vleugelen t’samen gebonden: dit was soo uytnemende een werck, dat het scheen dat de vingheren van Alexanders handt verheven waren, en dat den blixem buyten het Tafereel voort quam: Dit stuck costede twintich Talenten Gouts, en werdt ghestelt t’Ephesien in den Tempel van Diana. Noch is t’Aenmercken en te houden in ghedacht, dat alle dees costlijcke stucken alleen maer ghemaeckt en waren met vier verwen, nochtans was dit Tafereel ghecocht met een koorn-mate vol Gouts, sonder tellen.
Dinet, Pierre, Cinq livres des hiéroglyphiques, où sont contenus les plus rares secrets de la nature, et proprietez de toutes chsoes. Avec plusieurs admirables considerations, et belles devises sur chacune d'icelles(publi: 1614), "Foudre" (numéro livre I) , p. 126-127 (fran)
- [1] Foudre symbole d'affliction, misere et calamité.
- [2] Statuë d'Alexandre le Grand, pourquoy faicte ayant le foudre en main.
De là vient qu'entre les choses effroyables, iceluy estant la plus espouventable, qu'avec bonne raison il soit marque et indice de toute genre[1] d'affliction, misere, et calamité. Les poëtes ayants voulu pour ceste consideration que ce fust les armes, avec lesquelles leur grand Iupiter chastioit les iniquitez des meschants: conformément à ce que nous trouvons en Deuteronome trente-deuxième, au second des Roys 21. chapitre, et en infinis autres passages de l'escriture. De là vient que le peintre Apelles voulant faire paroistre les traverses qu'Alexandre le Grand avoit surmontées au tres-rare portraict[2] d'or, qu'il en fist: et qui pour sa naïfve beauté fut gardé curieusement au temple de Diane d'Ephese, luy mit en main un foudre.
Butrón, Juan de, Discursos apologeticos, en que se defiende la ingenuidad del arte de la pintura, que es liberal, de todos derechos, no inferior a las siete que comunmente se reciben(publi: 1626), « Discurso decimoquinto. Donde se muestra la veneracion en que los antiguos tuvieron la pintura, los principes que la professaron, y algunas de las muchas honras, y mercedes que le hizieron », fol. 110r (espagnol)
Pintò en Efeso a Alexandro Magno con los rayos de Iupiter en la mano, y al mismo triunfando.
Ridolfi, Carlo, Le meraviglie dell’arte, overo le vite de gl’illustri pittori veneti, e dello stato(publi: 1648), p. 7 (italien)
Ritrasse […] di nuovo Alessandro col folgore in mano.
Quinte-Curce; Vaugelas, Claude Favre de; Freinshemius, Johannes; Du Ryer, Pierre, Quinte-Curce. De la Vie et des actions d’Alexandre le Grand, de la traduction de M. de Vaugelas, avec les supplémens de Jean Freinshemius traduits par Pierre Du Ryer(publi: 1653) (livre second, ch. VI), p. 156 (fran)
- [1] Plin. 35. 10. 33
Voila la contention qu’excita la gloire entre un grand Roy et une ville ; mais les Ephesiens l’emporterent, et aimerent mieux ne point recevoir de si grandes sommes d’argent, que de ceder mesme à un Roy l’inscription de ce temple. On peut iuger des grandes depenses qu’ils y firent par un seul tableau qu’ils y desdierent qui fut achepté vingt talens [1] Il representoit Alexandre tenant un foudre à la main ; et Apelles l’avoit fait avec un artifice inimitable, n’y ayant employé que quatre couleurs, afin de le rendre plus digne de l’admiration des sçavants.
[Félibien, André], De l’origine de la peinture et des plus excellens peintres de l’Antiquité(publi: 1660), p. 36 (fran)
Il y avoit encore dans le Temple d’Antoine une image d’Hercule de la main de ce grand homme, amis le portrait qu’il fit d’Alexandre tenant un foudre à la main, et qui fut mis dans le Temple de Diane à Epheze, passoit pour une merveille de l’Art. Ce ne fut pas le seul qu’il fit de ce Conquerant
Félibien, André, Le Portrait du Roy(publi: 1663), p. 5-6 (fran)
Ce fameux sculpteur qui se presenta autrefois à Alexandre, et s’offrit de tailler une montagne tout entiere pour en former sa statue, ne fit pas grande impression sur l’esprit de ce prince par une proportion si hardie. Il jugea bien que la pensée et l’execution d’une si penible entreprise estoit plus avantageuse à Dinocrate, qu’elle n’eust esté glorieuse au fils de Philippe. Une masse si rude et si énorme n’eust pas bien representé le visage de ce grand Roy, et un colosse si grand et si élevé n’eust rien donné à connoistre ny de la forme de son corps, ny des qualitez de son ame. Il se contenta de recompenser par ses bienfaits la science et le zele de l’ouvrier. Et comme il vouloit estre connu de toute la terre, il prenoit bien plus de plaisir, quand Apelles travailloit à son portrait, et rendoit cette image si semblable à l’original, qu’elle paroissoit estre un autre Alexandre. Car dans le tableau qu’il fit où il representa ce prince tenant un foudre à la main, il le peignit dans une action si terrible et si hardie, que mesme aprés la mort d’Alexandre, sa peinture donnoit encore de l’effroi à ceux qui la voyaient, et faisoit trembler de peur ceux qui l’avoient craint pendant sa vie.
Quoiy que ces anciens ouvriers ayent eu des pensées dignes d’estre suivies, toutefois la peinture que l’on a faite de V.M. n’est point formée sur les idées de ces grands maistres de l’Antiquité. Il a fallu d’autres couleurs et d’autres pinceaux pour la bien representer. Ce que les montagnes ont de plus solide et de plus élevé, et ce que la foudre a de plus éclatant et de plus terrible, n’exprimoit pas assez ni la grandeur et la fermeté de vostre ame, ni les lumieres et l’activité de vostre esprit.
Dati, Carlo Roberto, Vite de' pittori antichi(publi: 1667), « Vita d’Apelle », p. 85-86 (italien)
- [1] Plin. 35. 10
- [2] Cicer. in Verr. l. 4. Plin. l. 35. c. 10
- [3] XV.
- [4] Plut. Or. 2. d. Virt. d’Alessand.
- [5] Plutar. d. Isid. Osir.
- [6] Pier. Val. Gerogl. l. 43. c. 27. Sinesio Epist .I.
- [7] XVI.
- [8] Plut. In Alessan.
- [9] Plin. 35. 10
Riusciva tutto questo facilmente ad Apelle, si per la squisitezza dell’arte, si anche per averne coloriti molti ritratti, come ne fece in gran numero eziandio del Re Filippo, in grazia forse dello stesso Alessandro [1]. Tra quelli il più famoso fu l’Alessandro fulminante nel tempio di Diana Efesina, il cui prezzo fu venti talenti d’oro [2] Qui, oltre al rappresentarsi la maestà d’un Giove terreno, vedevansi rilevar le dita, e il fulmine non senza terrore de’ riguardanti uscir fuori della tavola. [3] Piacque tanto quest’opera agli Efesini, che da essi Apelle ne ricevette prezzo esorbitante in monete d’oro a misura non a novero. Egli pure se ne pregiava, ond’era solito dire che due erano gli Alessandri, uno di Filippo invincibile, l’altro d’Apelle inimitabile [4] Sopra di che, forse per astio, prese occasione d’appuntarlo Lisippo celebre maestro di getto, privilegiato anch’egli di fare in bronzo i ritratti del medesimo Principe, e disse, che poco avvedutamente aveva operato a figurarlo col fulmine, quand’egli l’avea rappresentato con l’asta, vera e propria arme di quell’Eroe, che per essa sarà sempre immortale [5] Non mancò già chi difendesse, e commendasse il concetto d’Apelle [6] [7] E di più fuvvi chi scrisse che questi due professori non furono altrimenti emuli, ma cari amici, scambievolmente mostrandosi l’opere loro [8] Fu ben tacciato in questa tavola, per aver fatto Alessandro bruno di carnagione, quand’egli era bianchissimo, e massimamente avendo la faccia, e’l petto, che parean latte, e sangue [9]
Pline (Gaius Plinius Secundus); Gronovius, Johann Friedrich (Johannes Federicus), C. Plinii Secundi Naturalis historiae, Tomus Primus- Tertius. Cum Commentariis & adnotationibus Hermolai Barbari, Pintiani, Rhenani, Gelenii, Dalechampii, Scaligeri. Salmasii, Is. Vossii, & Variorum. Accedunt praeterea variae Lectiones ex MSS. compluribus ad oram Paginarum accurate indicatae(publi: 1669) (vol. 3), p. 585-586 (latin)
[1]Pinxit et Alexandrum Magnum, fulmen tenentem in templo Ephesiæ Dianæ viginti talentis auri. Digiti eminere videntur, et fulmen extra tabulam esse. [2]Sed legentes meminerint omnia ea quattuor coloribus facta : manipretium eius tabulae in nummo aureo mensura accepit, non numero.
- [1] Pinxit et Alexandrum Magnum] De ea pictura dicere Apelles consueverat, duos esse Alexandros, alterum Philippi ἀνίκηζον, alterum Apelli ἀμίμηζον. Plutarch. Orat. 2. de fort. Alexandr. Idem.
- [2] Sed legentes meminerint omnia ea quattuor coloribus facta]. Aliter in scripto codice, Sed legentes meminerint omnia ea constare quattuor coloribus. Tabula in nummo aureo mensuram accepit, non numero. Sed utrocumque modo legatur, dubito an hæc verba Plinii sint : et si Plinii sunt, an aliunde in hunc locum librariorum incuria commearint : locum in medio relinquo. Pint.
Scheffer, Johannes, Graphice, id est, de arte pingendi liber singularis, cum indice necessario(publi: 1669), "Ob eundem usum ejus varium in magno habita et ipsa est honore, et illi, qui eam soliti sunt exercere" (numéro §7) , p. 34-36 (latin)
Apelles pinxit Alexandrum magnum fulmen tenentem in templo Ephesiæ Dianæ viginti talentis auri, quæ faciunt philippeorum millia duodecim. […] Item alii, qui earum magnitudinem æquarent nummis aureis, id est, tot darent aureos, quot tota tabula posset contegi. Sic intellego ejusdem verba lib. XXXV c. 12 ubi de Apellis tabula, in qua pictus fuit Alexander fulmen tenens. Manupretium ejus tabula in nummo aureo mensura accepit, non numero.
Silos, Juan Michael, Pinacotheca sive romana pictura et sculptura, libri duo, in quibus excellentes quædam, qua profanæ, qua sacræ, quæ Romæ extant, epigrammatis exornantur(publi: 1673), « Picturæ proloquium », p. 2-3 (latin)
Fulmineum si pingo Iovem ; iam detonat æther ;
Iam trisidas ardete faces, et fulgura credis.
Si Martem, horrescis Martem. Quem pictus Apelle
Pellæus Iuuenis non terret fulmine torto ?
Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst(publi: 1678), « Van voorkoming, wechwijking, en verkorting » (numéro VIII, 8) , p. 308 (n)
Apelles toen hy Alexander de Groot met den blixem in de hand schilderde, gelijk boven vermelt is, zoo scheenen de vingers met zamen den blixem van’t tafereel af te steeken.
Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst, « De l’avancée, de l’échappée et du raccourci » (numéro VIII, 8) , p. 455 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Lorsqu’Apelle peignit Alexandre le Grand avec le foudre dans la main, comme il a été dit au-dessus, ses doigts avec la foudre semblaient ressortir du tableau.
Commentaires : Trad. Jan Blanc, 2006, VIII, 8, « De l’avancée, de l’échappée et du raccourci », p. 455
Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst(publi: 1678), « Thaleye de derde Gratie. Van de Houding, Samenstemming, of Harmonie in’t koloreeren » (numéro VIII, 5) , p. 301 (n)
- [1] Houdinge van mindere tegens meerdere lichten.
Maer indien’er spierwitte Satynen, blinkent gout of zilver, vyer of vlam ontrent is, zoo moet gy de kracht van uwe verwen in deze groote glanssen alleen op't alderhelderst te werk stellen: houdende de rest zoo veel sormmerder, als zy in licht van deze heerschende [1] lichten verschillen. Plutarchus berispt Apelles, dat als hy Alexander met den blixem in de hand had afgemaelt, hy zijn natuerlijke verwe niet wel uitgedrukt, maer hem bruinder en duisterder geschildert hadde, als hy was; want hy was van natuure blank, en die blankicheyt was vermengt met eenige roodigheyt, die in zonderheit in zijn aengezicht en op zijn borst bleek, ontstaende uit een goede getempertheit, warm en vyerich van aert, waer door men zegt, dat hy een zoetgeurigen adem hadde, en dat zijn vlees lieflijk rook, ja dat zelf de kleederen, die zijn lichaem raekten, daer door als geperfumeert waren. Maer mooglijk zouw Apelles hier in wel te verschoonen zijn, dewijl hy al zijn vermogen van licht in den blixem en d'uitstekende hand, die de zelfde voerde, gespilt hebbende, genootzaekt is geweest de klaerheit in de tronie te verminderen, om door een maetschiklijke houding van meer en minder licht de wetten der konst te volgen. Want indien hy de tronie van Alexander zoo klaer hadde uitgebeelt, als men hem beschrijft, het en waer hem niet mogelijk geweest de vyerige glans aen den blixem te geven. Die echter de regels, in Terpsichore geleert, wel waerneemt, zal zelfs wel blankicheyt in een sommer licht vertoonen kunnen: maer of hy daerom van alle berispinge vry zal zijn, voornamentlijk van die’t niet en verstaen, wil ik niet verzekeren. Mijn raed is, dat wanneer u een zoo schoonen Alexander, of liever eenich schoon vrouwebeelt, te konterfeiten voorkomt, dat gy d’omstandicheden zoo schikt, dat gy in de tronie, of’t naekt al uw kracht van klaerheit besteden moogt, op dat u de wetten der houdinge niet en dwingen uw hooftwerk te verbruinen, ’t welk, indien’t niet ontsiert, u ten minsten in gevaer zouw brengen van als Apelles berispt te worden.
Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst, « Thalie, la troisième Grâce – de l’économie, de l’entente ou de l’harmonie dans le coloris » (numéro VII, 5) , p. 447 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Mais s’il s’y trouve des satins blancs, de la neige, de l’or, de l’argent brillant, du feu ou des flammes, vous ne devez alors mettre toute la force de vos couleurs que dans ces grands éclats, et de la façon la plus claire possible, tout en tenant le reste de votre œuvre dans une obscurité d’autant plus forte qu’elle diffère en intensité de ces lumières dominantes. Plutarque critique Apelle qui, ayant peint Alexandre avec le foudre dans la main, n’avait pas bien représenté son teint naturel, mais l’avait peint plus brun et plus sombre qu’il n’était, car Alexandre était d’une complexion pâle. Et cette pâleur, mêlée d’une rougeur qui se manifestait particulièrement sur son visage et sa poitrine, ressortait de son bon tempérament, chaud et enflammé de caractère, par quoi l’on disait qu’il avait une haleine embaumée, que l’odeur de sa chair était aimable, et que même les vêtements qui touchaient son corps en semblaient parfumés. Mais peut-être qu’Apelle devrait ici être épargné. Car peut-être a-t-il épuisé toute la puissance de sa lumière dans le foudre et la main en relief qui le tenait, si bien qu’il lui a paru nécessaire d’amoindrir la clarté du visage afin de respecter les lois de l’art, en faisant en sorte de conserver l’économie proportionnée des lumières plus ou moins fortes. S’il avait représenté le visage d’Alexandre aussi clair qu’on le décrit, il ne lui aurait en effet pas été possible de donner au foudre son éclat enflammé. Celui qui observera toutefois correctement les règles apprises chez Terpsichore pourra lui-même représenter la blancheur, même prise dans une faible lumière. Mais je ne veux pas non plus lui garantir d’être pour cela épargné par toutes les critiques, surtout de ceux qui n’y entendent rien. Mon conseil est le suivant : si vous en venez à portraiturer un si bel Alexandre, ou encore quelque belle figure de femme, disposez les circonstances de sorte que vous puissiez employer toute la force de votre clarté dans le visage ou le nu, afin de ne pas enfreindre les lois de l’économie en brunissant la partie principale de votre œuvre qui, même si elle n’est pas disgraciée, risque tout du moins de vous exposer à des critiques semblables à celles qui furent adressées à Apelle.
Commentaires : Trad. Jan Blanc, 2006, VII, 5, « Thalie, la troisième Grâce – de l’économie, de l’entente ou de l’harmonie dans le coloris », p. 447
Pline l’Ancien; Hardouin, Jean, Caii Plinii Secundi Naturalis historiae libri XXXVII. Interpretatione et notis illustravit Joannes Harduinus,... in usum Serenissimi Delphini(publi: 1685) (t. V), p. 212 (latin)
[1]Pinxit et Alexandrum Magnum, fulmen tenentem, in templo Ephesiae Dianae, [2]viginti talentis. Digiti eminere videntur, et fulmen extra tabulam esse. [3]Legentes meminerint omnia ea [4]quatuor coloribus facta. Tabulae pretium accepit aureos, mensura, non numero.
- [1] Pinxit, et Alexandrum. De hac pictura dicere solitum ferunt Apellem, duos Alexandros esse : alterum Philippi άκἰνητον, Apellis alterum ἀμίμητον. Plutarch. orat. 2. de fort. Alex. pag. 335.
- [2] Viginti talentis. In libri editis, atque in ipso reg. 2. codice, sed imperita recentioris alicujus interpolatoris manu, erasa quae suberat voce, legitur viginti talentis auri. Talenta auri sicubi poëtae dixere, ut Maro non semel, de ingenti auri pondere accipimus, non de certa mensura pecuniae, quae auro potius quam argento, constet. Sed aurii illi addidere scilicet, quod ejus tabulae manipretium auro solutum mox dicatur. Talenta attica argenti intellige : quorum vicena monetae gallicae efficunt libras 48000.
- [3] Legentes. Vide quae diximus sect. 32.
- [4] Quatuor coloribus facta. Abest vox ea postrema a cod. reg. 2. In Colb. 3. Quatuor coloribus constare.
Félibien, André, Entretiens sur la vie et les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, vol. 4(publi: 1685), p. 76 (fran)
Il y avoit encore dans le Temple d’Antoine une image d’Hercule de la main de ce grand homme, amis le portrait qu’il fit d’Alexandre tenant un foudre à la main, et qui fut mis dans le Temple de Diane à Epheze, passoit pour une merveille de l’Art. Ce ne fut pas le seul qu’il fit de ce Conquerant
Rosignoli, Carlo Gregorio, La Pittura in giudicio overo il bene delle oneste pitture e’l male delle oscene(publi: 1697), « Le colpevoli discolpe de’ pittori immodesti » (numéro cap. III, §1) , p. 40 (italien)
Con che stoltezza s’imita più tosto il male, che il bene de’ pittori, lasciando tante lor opere sacre, e prendendo le profane, se taluna ne fecero ? Scarafaggi infelici, che godono solo dell’immondezze del loto, in vece di succiare il mele de’ fiori. Forse che Apelle non conseguì maggior lode in effigiar Alessandro armato di fulmine con tanta eccellenza d’arte, che si dicea [1]Duos esse Alexandros, alterum Philippi invincibilem, alterum Apellem inimitabilem ?
- [1] Plu. or. 2. de Alex.
Palomino, Antonio, El museo pictórico y escala óptica(publi: 1715:1724), “Cuatro consideraciones de la luz en la pintura” (numéro Tomo I, Teórica della pintura, I, 9, §5) , vol. 1, p. 175 (espagnol)
Señaláronse en la observancia de la luz, y sus efectos, el insigne Apeles, en el retrato de Alejandro, con el rayo en la mano, cuyos dedos parecían relevados, y el rayo estar fuera de la tabla: asimismo Pausias, y Nicias Ateniense: Zeuxis, Polignoto, y Eufranor, co la fuerza del claro, y obscuro, dieron gran rilieve a sus obras.
Durand, David, Histoire de la peinture ancienne, extraite de l’Histoire naturelle de Pline, liv. XXXV, avec le texte latin, corrigé sur les mss. de Vossius et sur la Ie ed. de Venise, et éclairci par des remarques nouvelles(publi: 1725), p. 74 (fran)
- [1] Son Alexandre foudroyant.
[1] Un autre de ses ouvrages, qui a eû beaucoup de réputation, est son ALEXANDRE, la foudre à la main, qu’il peignit pour le Temple de la Diane des Ephésiens, et dont il reçut[2] vingt talens en or. Il semble que la main du Heros, avec la foudre, sortent réellement du tableau ; et ce dont je prie les lecteurs de se souvenir, c’est qu’il a peint tous ces miracles avec les quatre couleurs primitives, dont nous avons parlé ci-dessus. A l’égard des vingt talens qu’il eut pour cette peinture, ils ne lui furent pas proprement comptez ; on couvrit le tableau de piéces d’or, qui se trouverent monter, à peu près, jusqu’à cette somme, et c’est ce qui a fait dire, que le prix n’en fut pas reglé au poids, mais à la[3] mesure.
Notes au texte latin, p. 270 :
(M) Pinxit et Alexandrum. Plutarque dit qu’Apelle, qui étoit ingénu, comptoit 2. Alexandres, l’un de Philippe, qui étoit invincible, et l’autre d’Apelle, qui étoit inimitable : et dans la Vie d’Alexandre même ; Or quant à la forme de toute sa personne, les images faites de la main de Lysippus sont celles qui le représentent le mieux au naturel. Aussi ne voulut il point qu’autre imager le taillât que lui : car plusieurs de ses successeurs et de ses amis (s’entend de Lysippe) le contrefirent bien depuis ; mais cet ouvrier-là, sur tous les autres, a parfaitement bien observé et représenté sa façon de porter le col un bien peu penchant sur le côté gauche, et aussi la douceur de son regard et de ses yeux. Mais quand Apelles le peignit tenant la foudre en sa main, il ne représenta pas sa naïve couleur, ains le fit plus brun et plus obscur qu’il n’étoit au visage : car il étoit naturellement blanc, et la blancheur de son teint meslée d’une rougeur qui apparoissoit principalement en sa face et en son estomac.
(N) Viginti talentis. La I. Ed. porte, x. talentis auri : mais le P. H. a supprimé le dernier mot, parce qu’il ne l’a trouvé que dans un MS. et d’une main plus récente. La correction est certaine. Cependant il reste une difficulté. Apelle lui-même offroit cinquante talens d’un tableau de Protogene ; comment donnoit-il les siens pour vingt talens seulement ? C’est assez peu en comparaison des autres tableaux, qui sont marquez dans ce livre, à 40, à 50, à 60, à 100 talens. D’ailleurs, que ferons-nous de la suite ? La leçon de Venise porte, Immane pretium ejus tabula in nummo aureo mensuram accepit, non numero. Un MS. de Dalecamp reconnoit aussi immane tabulae pretium, un autre du Vatican de même, les Edd. de Parme, et plusieurs autres, de même ; et Carlo Dati est pour cette lecture. C’est le stile de Ciceron, inmanis pecunia ; ingens inmanisque præda ; inmanis jacturis. S’il faut donc conserver inmane, où est le prodige de cette somme, puisqu’il ne s’agit que de vingt talens ? Il y a encore une difficulté. Que veut dire cette expression, aureos accepit mensura, non numero ? On couvrit le tableau de piéces d’or ; je le veux : mais comment arriva-t-il que ces piéces d’or, quelles qu’elles fussent, se montassent précisément à la somme marquée ? Horace nous parle d’un riche, qui mesuroit son argent : Dives ut metiretur nummos : mais si vous appliquez cela à notre passage, vous ne levez point la difficulté. Il ne s’agit après tout que de 20. Talens, 12000 Ec. d’Angl. il n’y a pas là grand sujet de se récrier. Le P. H. lit simplement, Tabulæ pretium accepit aureos mensura, non numero : et il s’appuie sur deux de ses MSS. Toutes ces différences font voir que ce passage a été fort mal traité.
- [2] 12000 escus d’Angl. Quelques Edd. et entr’autres la premiere, lisent, viginti talentis auri. Mais le P.H. supprime le dernier mot, et peutêtre avec raison. Quoi qu’il en soit, Apelle fut payé en or, comme on le voit par la suite : aureos.
- [3] Au lieu que le tableau de Bularque, dont il a parlé ci-dessus, fut vendu au poids, et non pas à la mesure. Voy. ci-dessus, p. 47.
Caylus, Anne-Claude Philippe de Tubières, comte de, « Réflexions sur quelques chapitres du XXXVe livre de Pline » (publi: 1759, redac: 1752:1753), Première partie, lue le 17 novembre 1752 (numéro t. XXV) , p. 167 (fran)
- [1] chap. X
Apelle avoit représenté Alexandre ayant le foudre en main : Digiti eminere videntur, et fulmen extra tabulam esse [1] En premier lieu cette attitude indique un raccourci, mais des plus nobles et des plus heureux ; on peut insister sur ce point, car ces expressions de la Nature sont très-souvent ingrates. Mais pour revenir à l’idée que la description me donne de ce tableau, je dirai qu’elle me paroît le plus grand exemple de ce qu’on appelle l’effet ; et j’ajoûterai que cette description me semble encore faite par un homme de l’art, car Raphaël n’auroit pas dit autrement, en parlant d’un tableau de Michel-Ange. La main étoit saillante et le foudre paroissoit hors de la toile.
La Nauze, abbé de, Mémoire sur la manière dont Pline a parlé de la peinture(publi: 1759, redac: 1753/03/20) (t. XXV), p. 247 (fran)
Le relief des figures est un prestige de l’art, que l’auteur de l’Histoire Naturelle ne pouvoit pas laisser passer, sans l’accompagner de quelqu’un de ces beaux traits qui lui sont familiers. Apelle avoit peint Alexandre la foudre à la main, et Pline s’écrire à la vûe du héros, « sa main paroît saillante[1] , et la foudre sort du tableau ». Il n’appartient qu’à cet écrivain de rendre ainsi les beautés qui le saisissent. Il emprunte ailleurs un style plus simple, pour dire que Nicias[2] observa la distribution des jours et des ombres, et eut grand soin de bien détacher ses figures. Un lecteur qui n’apercevra dans cette phrase que le clair-obscur et le relief, sans leur rapport mutuel, n’y verra que le récit d’un historien : les autres y découvriront l’attention d’un connoisseur à marquer la cause et l’effet, et à donner, sous l’apparence d’un exposé historique, une leçon importante en matière de peinture.
- [1] Digiti eminere videntur, et fulmen extra tabulam esse.
- [2] Lumen et umbras custodivit, atque ut eminerent e tabulis picturæ, maxime curavit.
Caylus, Anne-Claude Philippe de Tubières, comte de, « De la peinture ancienne » (redac: 1753/11/10), 252 (fran)
Apelle avait représenté Alexandre tenant la foudre de Jupiter. Cette attitude indique un raccourci ; pensé par Apelle, exécuté pour Alexandre, il devait être des plus nobles et des plus heureux. La description de Pline me paraît faite par un homme de l’art, c’est tout dire, pour la concevoir juste et précise. En effet, Raphaël n’aurait point employé d’autre expression parlant d’un tableau de Michel-Ange. La main était saillante et la foudre paraissait hors de la toile. Quelle idée ne prend-on pas de l’effet de cette machine et quels démentis pour ceux qui refusent aux anciens les connaissances de l’accord de l’harmonie, et surtout de la perspective !
Dictionnaire portatif des faits et dits mémorables de l’histoire ancienne et moderne, tome 2(publi: 1768), art. « Apelle », p. 118-119 (fran)
Pour exprimer la rapidité des conquêtes d’Alexandre, il le peignit la foudre à la main ; et ce tableau fut trouvé si bien fait, qu’il fit dire que des deux Alexandres, celui de Philippe étoit invincible, et celui d’Apelle inimitable : cependant le sculpteur Lysippe censura l’idée de ce tableau, comme un excès de flatterie.
Quinte-Curce; Freinshemius; Dinouart, Joseph, Histoire d’Alexandre le Grand, par Quinte-Curce, de la traduction de Vaugelas, avec les suppléments de Freinshemius nouvellement traduits par M. l’abbé Dinouart(publi: 1772) (II, 6, t. I), p. 228-229 (fran)
Ea gloriæ contentio inter maximum regem et unam civitatem fuit : obtinuerunt Ephesii ; et maluerunt ingenti pecunia carere, quam instaurati templi titulo regi cedere. Nam quantos in id opus sumptus contulerint, vel ex una tabula æstimare licet, quam ibi dedicaverunt, viginti talentis auri redemptam. Alexander erat fulmen tenens, quem inimitabili dexteritate Apelles expresserat, quatuor tantum coloribus usus, quo majus peritis miraculum esset.
Cette sorte d’émulation que la gloire fit naître entre un grand Roi et une ville, fut à l’avantage des Ephésiens. Ils aimerent mieux ne point recevoir les grandes sommes qu’il leur offroit, que de partager avec lui l’honneur de l’inscription de ce temple. On peut juger des grandes dépenses qu’ils y firent par un seul tableau qu’ils dedierent et qui fut acheté vingt talents. Ils représenterent Alexandre tenant la foudre : Apelles y avoit mis toute la finesse de l’art, n’ayant employé que quatre couleurs, afin de le rendre plus digne de l’admiration des sçavants.
Commentaires :
Falconet, Etienne, Traduction des XXXIV, XXXV et XXXVI livres de Pline l’Ancien, avec des notes(publi: 1772) (t. I), p. 164 (fran)
Il a peint aussi un Alexandre le grand tenant un foudre ; la main et le foudre paroissent sortir du tableau (55). Cet ouvrage est dans le temple de Diane à Ephèse ; il a coûté vingt talens[1] . Que les lecteurs se souviennent que tous ces tableaux furent peints avec quatre couleurs seulement. Celui-ci fut payé non pas au compte, mais à la mesure des pièces d’or (56).
Notes, p. 164 : (55) Tous les jours des gens qui ne sont pas connoisseurs disent, voilà un bras, une tête, qui sortent de la toile, parce que ces effets frappent les hommes, et qu’en cela chacun parle comme l’artiste. Il ne faut donc pas dire de cette description, qu’elle est vraiment faite par un homme de l’art, et que Raphaël ne se seroit pas exprimé autrement en parlant d’un tableau de Michel-Ange. Il y a des ocasions où l’on auroit quelque peine à discerner l’ignorant de l’artiste ; en voici un exemple. Un homme d’esprit voulant écrire sur l’art, non sans quelques prétentions, m’engagoit à voir les ouvrages dont il vouloit parler et à lui en dire mon avis ; et je le contentois. Que faisoit mon homme ? Il prenoit sa lorgnette et des témoins ; il alloit devant les tableaux répéter ce que je lui en avois dit et il écrivoit sur l’art. Ne voilà-t-il pas un connoisseur ? Ne l’a-t-on pas vu, ne l’a-t-on pas entendu raisonner comme un artiste ? Il savoit écrire et faisoit parfois des tirades qui valoient pour le moins les plus belles phrases de Pline. Il y a quelques années qu’il est mort, je ne jurerois pas qu’il n’eut laissé son manteau à quelque Elisée : le monde est plein de ces honnêtes ramasseurs des lambeaux du Parnasse.
(56) Que ce soit à la mesure, au poids, ou au compte, on sait qu’il n’y a guères à s’y tromper ; et que pour les gens du comptoir, l’erreur, quand il n’y en trouve, est de fort peu de chose. Pline en nommant la somme, ôte tout le mérite du procédé des Ephésiens.
- [1] 20 talens, 94000 livres.
Nougaret, Pierre Jean Baptiste ; Leprince, Thomas , Anecdotes des beaux-Arts, contenant tout ce que la peinture offre de plus piquant chez tous les peuples du monde(publi: 1776) (t. I), p. 205-206 (fran)
Apelle ayant représenté Alexandre sous la forme de Jupiter, et la foudre à la main, reçut vingt talens de ce génereux prince (96000 livres). Cet argent ne lui fut pas compté ; on couvrit le tableau de pièces d’or, qui se trouvèrent monter à-peu-près jusqu’à cette somme. Cette manière si peu usitée, de récompensée le mérite d’un artiste, donna lieu de dire, en parlant de ce tableau, que le prix n’en fut pas réglé au poids, mais à la mesure.
Ce portrait étoit si ressemblant et si plein d’énergie, qu’on disoit communément dans la Grèce, « qu’il y avoit deux Alexandres, l’un invincible, fils de Philippe ; l’autre inimitable, celui d’Apelle ».
Falconet, Étienne, Sur la peinture des anciens(publi: 1781), p. 36-38 (fran)
[Note contexte] La seconde considération, si je ne me trompe, ne va pas mieux au fait. Il s'y agit du tableau qui représentoit Alexandre en Jupiter prêt à lancer la foudre. Quelle grandeur de trait, dit M. de Caylus, quel feu d'expression faut-il supposer dans le caractère de cette tête? Quelle intelligence de dessein et de couleur faut-il se représenter, pour admettre ce bras saillant et raccourci, qui portoit la foudre? Quelle justesse dans la position, quelle grandeur dans le choix, et quelle harmonie ne devoit pas être dans le tableau, pour avoir pu contenter la tête chaude d'un Alexandre? Je ne vois pas qu'il y ait à répondre à cela; puisqu'Apelles y répondit si bien, le jour qu'il avertit avec douceur Alexandre, qu'il se connoissoit plus mal en peinture que les manœuvres qui broyoient les couleurs, et qu'il n'en pouvoit parler sans les faire rire. On pourroit seulement ajouter à la réponse d'Apelles qu'un roi destructeur qui se donne pour fils de Jupiter, est fort content, quand on le représente armé comme son pere, et prêt à lancer la foudre. Pour des bras en raccourci, qui paroissent sortir du tableau, on en peut faire, sans pour cela connoître à fond toute la magie de l'art. Il y en a plusieurs exemples dans des tableaux vigoureux de couleur, harmonieux même, si vous voulez, jusqu'à un certain point; mais sans intelligence absolue du clair-obscur: deux choses qu'il ne faut pas confondre.
Nous ignorons à quel degré cette derniere partie dominoit dans le tableau d'Apelles; mais quelque mérite qu'il eut d'ailleurs, nous savons qu'on reprochoit à l'artiste, d'y avoir peint Alexandre avec un coloris brun et obscur, quoiqu'il eût la carnation blanche, fraiche et vermeille, ce qui dans un portrait n'est pas un petit défaut (voyez Plutarque, vie d'Alexandre.)
M. le Comte de Caylus ajoute: un art doit avoir été poussé bien loin, quand on lui demande une pareille composition. Mais pas si loin, à ce qu'il semble, puisque la demande n'étoit que d'une seule figure. On faisoit bien d'autres demandes à l'art du tems de Polygnote, c''est-à-dire, 120 ans avant Apelles
Watelet, Claude-Henri ; Levesque, Pierre-Charles, article « Peinture chez les Grecs », Encyclopédie méthodique. Beaux-Arts(publi: 1788:1791), p. 647 (fran)
Je crois que les anciens, qui ne traitoient que des compositions fort simples, ne cherchoient pas à briller en affectant la science des raccourcis ; mais cependant ils ne les évitoient pas toujours. Pline parle d’un tableau d’Apelles placé dans le temple de Diane d’Ephese ; il représentoit Alexandre tenant un foudre : les doigts sembloient s’avancer, et le foudre sortir du tableau : ce qui suppose un raccourci capable de faire la plus grande illusion.